L’histoire du Tarot


En France, quand on parle de Tarot, ceci peut être le jeu de Tarot, le paquet de cartes de Tarot ou alors la pratique divinatoire du Tarot qui utilise les cartes du même nom.

Ceux qui pratiquent aujourd’hui la divination ne se rendent souvent pas compte que c’était le jeu de cartes qui est né en premier et ceux qui jouent au tarot ne savent pas toujours qu’avant on jouait avec les mêmes cartes qui sont aujourd’hui utilisées pour la divination.

Mais n’allons pas trop vite, regardons d’abord comment tout cela a commencé.

Les débuts

En effet, les cartes du tarot ainsi que les règles du jeu font partie des jeux de cartes les plus anciens d’Europe. Mais quelle est l’origine des jeux de cartes en général ? Les premières racines des jeux de cartes peuvent être situées en Asie ; les premières preuves pour des cartes de jeu datent du XIIème siècle en Chine et en Corée du Sud. Comment les cartes sont ensuite venues jusqu’en Europe n’est pas clairement établi. Il y a la théorie qui dit que des voyageurs arabes ou des mameloukes égyptiens amenèrent les cartes en Europe, mais il est également possible que des voyageurs Européens découvrirent ce passe-temps lors de leurs voyages et le ramenèrent avec eux. 

La première preuve reconnue de la pratique de jeu de cartes en Europe est un décret de 1377, à Florence, interdisant la pratique du « na(i)bbj » – un jeu basé déjà à l’époque sur 4 « couleurs » avec des cartes à points. 

Ensuite, la théorie généralement acceptée est qu’au début du XVème siècle, au nord de l’Italie une 5ème couleur, les « trionfi », est ajoutée aux 4 couleurs (on parle aussi d’enseignes car ce ne sont pas vraiment des couleurs différentes) italiennes, les Spade, Bastoni, Coppe et Denari. Ces trionfi sont des cartes avec de belles images, toutes portant leur nom (« le monde » etc.) et numérotées en latin.

Les autres quatre enseignes comportent alors des cartes à points ainsi que déjà des figures. Les premières règles du jeu précurseur du tarot moderne sont dites apparaître vers 1414 – 1425. Les cartes et les règles sont ensuite probablement exportées en France par des soldats vers la fin du XVème.

Le nom

Environ un demi-siècle après l’ajout de cartes, apparaît un nouveau nom pour ces jeux à cinq couleurs : « tarocco » en Italien ; « tarau » en Français. On trouve les deux noms dans des sources datant de 1505, les historiens ne peuvent donc pas dire avec certitude si l’une des deux est la source de l’autre ou si les deux sont nées en même temps d’un troisième.

Quant à la signification, il y a là plusieurs théories : le nom viendrait d’un terme de la langue égyptienne (soit Ta-Rosh, la voie royale, soit taru, consulter), ou de l’italien « tara » pour décrire l’écart du chien, mais il peut aussi venir du décor « taroté » des cartes, ou encore d’un affluent du Po, le Taro. 

Les cartes

Après l’évolution des règles et du nom, ce sont les cartes qui vont évoluer. Les premières cartes, apparues dès le XVème, ont tous des enseignes dites latines (bâtons, coupes, deniers et épées). Une des variétés les plus importantes encore aujourd’hui est le Tarot de Marseille, qui date du XVIIIème, avec 4 couleurs à 14 cartes plus 21 cartes numérotées avec chiffres romains, montrant des allégories comme par exemple le monde, la mort, les amants, la roue de la fortune et aussi le fou, sans numéro, l’ancêtre de l’excuse.

C’est dans la même période, au cours du XVIIIème, que les pratiques divinatoires avec les cartes de Tarot débutent et les jolis motifs des atouts du Tarot de Marseille prenant toute la face de la carte, sont restés les mêmes jusqu’à nos jours. Pour la divination ils existent plusieurs jeux différents, avec essentiellement les grandes arcanes (les atouts) qui changent d’une à l’autre mais le Tarot de Marseille est toujours bien répandu.

Pour la pratique du jeu de Tarot, par contre, on se sert aujourd’hui en France d’autres cartes, avec des enseignes françaises : pique, cœur, carreau, trèfle. En effet, c’est en Allemagne, aussi au XVIIIème, qu’apparaissent ces couleurs sur les cartes de Tarot, et avec les cartes d’atout montrant des scènes avec des animaux et non plus les allégories des « trionfi ». Ces cartes sont alors venues en France et les scènes montrées sur les atouts ont depuis changé à nouveau et on joue aujourd’hui avec des atouts miroités et non avec une seule image.

Le jeu

Tout comme les cartes, les règles du jeu évoluent du Nord de l’Italie vers la France mais aussi vers l’Allemagne et l’Autriche et plus loin vers le Danemark et des vastes régions de l’empire austro-hongrois. Ainsi, la famille des jeux de « Tarot », « Tarocchi » en Italien, « Tarock » en allemand (ou appelé par des noms similaires selon les pays) est de taille énorme et le nombre de cartes utilisées ainsi que les règles appliquées varient d’un pays à l’autre. 

Le Tarot en France

Après son introduction en France, le Tarot devient vite un jeu à la mode, mais la popularité baisse ensuite avant de remonter vers le XIXème. Initialement resté bien installé en Provence, dans les Alpes et dans des régions d’Allemagne, le Tarot (re)devient un jeu très populaire dans toute la France. L’évolution historique fait par contre qu’il y a une quantité énorme de variantes régionales. En 1973 est fondée la Fédération Française de Tarot qui veut remédier à cette panoplie de règles différentes et édite des règles communes.

En plus des règles de jeu, elle statue que le Tarot Français est joué avec 78 cartes : 21 atouts numérotés (sans nom inscrit sur la carte) plus l’excuse, marqué par une étoile, et 14 cartes par couleur : Roi, Dame, Cavalier, Valet, 10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1 (ou as).