L’histoire de la Belote

Contrairement à d’autres jeux de cartes populaires, les débuts de la Belote ne sont pas connus avec certitude. Nous pouvons certes être sûrs que les premières règles de ce jeu passionnant sont éditées au début des années 1920 par les éditions Albin Michel et qu’ensuite la Belote connaît un grand succès, non pas seulement en France. En revanche, nous ignorons aujourd’hui ce qui s’est exactement passé avant. 

Certaines sources disent qu’un jeu de cartes précurseur de la belote et d’origine juif est d’abord exporté vers les États Unis d’Amérique et ensuite ramené par des diamantaires Américains ou Hollandais au début du siècle dernier en France où les commerçants commencent vite apprécier le jeu. Dans ce cas, le nom Belote viendrait probablement du « Bel Atout ».

D’autres parlent de Mr. Belot qui aurait donné son nom au jeu, voire des membres de la famille Belot qui auraient inventé le jeu ensemble. Par ailleurs, on peut lire que la Belote aurait son origine déjà au Moyen Age, mais cela pourrait bien prendre en compte les racines des jeux précurseurs de la belote. 

Sans connaître l’évolution exacte de la Belote de ses origines à ses formes qu’elle a pris vers 1915 où elle était citée pour la première fois en France et ensuite dans les années 1920 dans lesquelles elle a commencé à connaître un vrai succès en France, nous pouvons pourtant être sûrs que la Belote porte plusieurs traits en commun avec d’autres jeux populaires Européens.

Ainsi, il se situe entre le Klaverjas néerlandais, toujours très populaire de nos jours, et le Jass qui, quant à lui est le jeu de cartes national de la suisse et très répandu dans les pays germanophones. Un autre jeu avec des traits similaires et le jeu national de l’Autriche, le Schnapsen. Les points communs avec ces jeux varient mais l’on peut retrouver la logique de base des jeux à plis joué à deux contre deux, la façon de changer le rang des cartes à l’atout, les valeurs des cartes, la notion de la Belote-Rebelote, la logique d’annonces et bien d’autres.

On peut trouver des sources de ces autres jeux déjà au XVIIIème siècle. Dans le Klaverjas, (aussi appelé Klabberjas ou Cloboyosh), le mariage (roi-dame) d’atout s’appelle « Bela » et une variation qui se joue à deux joueurs est même connu sous le nom de Bela et répandu dans le nord de l’Europe et même dans les communautés minières de l’Ecosse.

Il semble donc assez crédible que la Belote – autant ses règles que son nom – trouve ses origines ou des sources communes dans ces jeux Européens. Et pourquoi pas en ayant traversé l’Atlantique !

Après la distribution de ses  règles par Albin Michel, la Belote connaît un franc et fulgurant succès en France. En effet, ce jeu aux règles relativement simples devient vite le jeu du peuple pendant que le Bridge reste au début le jeu plus noble.

Serge Veber écrit en 1926 dans son article « Le nouveau jeu : Hymne à la belote » : « La belote s’est définitivement implantée en France. Il semble que son règne sera moins éphémère que celui du mahjong ou des mots croisés [sic]. […] Combien de temps durera cette passion ? Je crois très longtemps. Et je le crois parce que c’est réellement un jeu de cartes très amusant. Et c’est peut-être le seul qui soit aussi amusant à deux, qu’à trois et à quatre ». Et il a raison, car la Belote trouve son entrée dans les œuvres cinématographiques et littéraires français et reste « le » jeu de cartes des Français.

Il existe aujourd’hui la Fédération Française de la Belote qui a réédité les règles, notamment pour les tournois de Belote ou il n’y a pas d’annonces et obligation de battre les cartes. Mais en dehors des clubs et des tournois, jusqu’à aujourd’hui la Belote se joue souvent avec les règles d’avant, peut-être moins équitables mais donnant toujours plus de place pour le plaisir de se réjouir de sa chance ou de maudire sa malchance… Parce qu’après tout, quand on joue aux cartes avec des amis ou la famille, le but primordial doit être de s’amuser et pour ça, la Belote est le jeu parfait.